The Point.

french version below

The crows of the roosters woke me before the alarm sounded, I went out without making any noise. The dawn was warm and moist. I put on my boardshorts and a tank top and started walking along the bay. A warm offshore wind made the palm trees tremble while the muezzin’s song resounded behind the hills.
I had trouble discerning the waves breaking behind the point but I could hear them rumbling against the reef. Fishermen dragged their boats on the sand and you could hear the DIY engines buzzing to get past the helm. The men looked at me with haggard and tired looks.
The more I walked, the more knots began to grow in my stomach.
The end of the bay gave way to rocks and one could imagine the first lines of swell forming at the end of the night.
The waves were big and rolled slowly over the reef. Silhouettes were already visible in the water.
The rental board was heavy and worn, its resin was yellowed by years and UV.
My hands trembled with nerves. I hadn’t surfed in months and I was far from the Paris subway.
I watched two sets before entering the water.
With difficulty, I rowed and pushed the thick 6’4 under the waves. Three Australians with chiseled faces greeted me at the peak.
The take off was steep and fast but transformed into a long rolling wave.
I was positioned a little further offshore and my turn came; I started easily before pumping and accelerating to pass the section. The warm water slipped like glass through the pale golden light. My surfing was far from graceful but had never made me so happy. The wave closed and sent me to tumbling into the reef, my arm was bleeding and a hunk of coral sank deep into my foot. I felt nothing, my body was vibrating and I was paddling against the current that was sending me into the bay.
I surfed for hours, the sun burned my eyes and skin, and the water wrinkled my fingers as though I had stayed in a warm bath too long.
The line up grew and we were soon more than fifteen to share the waves.
I came out of the water exhausted, I could no longer walk because of the coral in my feet. I lingered in the lagoon connecting the point and the bay. Families bathed, women were draped in long coloured fabrics floating in the water around their silhouettes. The men watched and harangued tourists in bikinis whose white buttocks shone in the water like fish scales.
It took me a long time to get to the cabin, a lot of things were jostling in my head.
I went home and lay on the bed.
The roar of the fan made my head turn as I fixed my gaze on the oscillating blades. The wind changed directions and would come to chop and degrade the waves.
I fell asleep and everything was simple and clear. Time could have stopped then and there.

G.R

Les chants des coqs m’ont réveillé avant que l’alarme ne sonne, je suis sorti sans faire de bruit. L’aube était chaude et moite. J’ai enfilé mon boardshort et un débardeur et j’ai commencé à marcher le long de la baie. Un vent de terre tiède faisait trembler les palmiers pendant que le chant du muezzin résonnait derrière les collines.
J’avais du mal à discerner les vagues qui cassaient derrière la pointe mais je les entendais gronder contre le récif. Des pécheurs trainaient leur bateaux sur le sable et on entendait les moteurs bricolés bourdonner pour passer la barre. Les hommes me regardaient avec des regards hagards et fatigués.
Plus je marchais plus mon ventre se nouait.
La fin de la baie laissait place à des rochers et l’on devinait les premières lignes de houles dans la fin de la nuit.
Les vagues étaient grosses et s’enroulaient avec lenteur sur le corail. On percevait déjà des silhouettes dans l’eau.
La planche louée était lourde et usée, sa résine était jaunie par les années et les UV.
Ma nervosité faisait trembler légèrement mes mains. Je n’avais pas surfé depuis des mois et j’étais loin du métro parisien.
J’observais deux séries avant de rentrer dans l’eau.
Je ramais et poussais avec difficulté l’épaisse 6’4 sous les vagues. Je saluais 3 personnes au pic, des australiens aux visages burinés. Le take off était raide et rapide mais laissait ensuite la vague dérouler longuement.
Je me plaçais un peu plus au large et mon tour arriva, je démarrais facilement avant de pomper et d’accélérer pour passer la section. L’eau chaude glissait comme du verre dans cette lumière pale et dorée. Mon surf était loin d’être gracieux mais ne m’avait jamais rendu aussi heureux. La vague ferma et m’envoya percuter le reef, mon bras saignait et une patate de corail s’enfonça profondément dans mon pied. Je ne sentais rien, mon corps vibrait et je ramais contre le courant qui m’envoyait dans la baie.
J’ai surfé des heures, le soleil me brulait les yeux et la peau, mes doigts étaient fripés par l’eau comme dans un bain trop chaud. Le line up se remplit et nous furent bientôt plus d’une quinzaine à se partager les vagues.
Je sortis de l’eau épuisé, je ne pouvais plus marcher.
Je m’attardais dans le lagon jouxtant la pointe et la baie. Des familles se baignaient, les femmes étaient drapées dans de longs tissus colorés qui flottaient dans l’eau autour de leurs silhouettes. Les hommes regardaient et haranguaient des touristes en bikini dont la blancheur des fesses brillait dans l’eau comme des écailles de poissons.
J’ai mis du temps à rejoindre la cabane, beaucoup de choses se bousculaient dans ma tête.
Je suis rentré et je me suis allongé sur le lit.
Le vrombissement du ventilateur me faisait tourner la tête et je fixais le toit de palmes osciller légèrement. Le vent tournait et allait venir hacher et dégrader les vagues.
Je me suis endormi et tout était simple et limpide.
Tout aurait pu s’arrêter comme ça et ici.

G.R


Illustrations : Dothy Henriot
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